Gravir La Rhune

La montée de la Rhune au départ, était plus un prétexte pour se retrouver avec Bernard l’espace d’un week-end qu’une véritable course, pour un de ces défis que l’on aime se fixer à l’aube des 55 printemps.
Arrivés le samedi vers 17h30, nous avons commencé par prendre possession de notre chambre, la n°6 de l’Hôtel Basque à Ascain. Petit confort mais beaucoup de charme pour deux vieux baroudeurs plein d’entrain.
Ensuite nous avons tenté de récupérer nos dossards, mission impossible, tout comme nous n’avons pas pu voir le point culminant de notre objectif, la Rhune étant encerclée par une épaisse brume, nous nous sommes donc mis en quête de nous restaurer. Une sympathique auberge à Saint Jean de Luz, une petite balade digestive sur le bord de mer et dans la vieille ville. Puis, comme des enfants sages, nous nous sommes couchés à la nuit tombante, tout en pensant déjà à cette fameuse montée du lendemain.
Au petit matin, un gros grain de pluie nous a réveillés laissant présager d’une morne journée. 6h45, à l’heure du petit déjeuner particulièrement copieux servi par nos hôtes, la pluie a cessé, nous avons récupéré nos dossards. Tout comme les toréadors avant de pénétrer dans l’arène le choix de l’habit de lumière s’imposait, nous l’avons adapté à l’événement sans oublier de positionner le dossard dans sa housse protectrice.
Nous rejoignons le centre du village ¾ heure avant le départ et commençons l’échauffement en ayant bien soin de reconnaître les premiers hectomètres.
Le départ est imminent un dernier encouragement mutuel et c’est parti !
Le chronométrage est assuré par une puce placée sur la cheville gauche, s’il vous plait !! Pas trop mal placés, nous prenons le départ sur la route devant l’église, longeons le cimetière où repose Chaban Delmas, avant de s’engager sur la droite sur une route qui s’élève déjà pas mal vers les carrières; là, plus de route, mais un sentier sinueux emprunté jadis par les muletiers. De gros cailloux, des pierres pointues, le pourcentage de montée est déjà sévère, ça monte vraiment « très dur ».
Bernard commence à me lâcher. Dans ce troupeau de courageux à l’assaut du sommet, au fil des mètres de nombreux concurrents se mettent à marcher, courbant l’échine en s’appuyant sur les cuisses comme pour trouver de l’aide. Je me sens quand même bien et trouve que mon rythme est bon. Je ne vois plus Bernard mais je sais qu’il est au point et je ne m’inquiète pas trop pour lui. Avec certains concurrents c’est un peu le yoyo, on se double, se redouble sans oublier de s’encourager mutuellement. Le temps s’arrange, le soleil apparaît un peu, la chaleur également, les paysages sont variés et magnifiques.
Après une montée particulièrement difficile, d’une bonne ½ heure, vient un court plateau récupérateur et salvateur, le terrain est beaucoup moins caillouteux et assez souple.
Ça ne dure pas, un passage dans un petit bosquet, dès la sortie se forme une longue file de concurrents, chacun se hisse et rampe de pierre en pierre vers le sommet qui semble inaccessible.
Tout à coup, à travers la brume sur le chemin parallèle, j’aperçois Bernard, il redescend, je l’envie, lui il a vaincu la Rhune, apparemment il n’est pas à l’aise dans cet exercice périlleux.
C’est à mon tour d’éprouver la joie d’être au sommet, déjà 1heure et 2mn que je suis en galère. Je perds le moins de temps possible et me lance dans la descente.
Une, puis deux chutes me ramènent à la raison et m’incitent à plus de prudence.
Enfin, c’est le retour dans le sous bois, les foulées se font de plus en plus grandes et la vitesse m’enivre un peu, je sais que le plus dur est passé et j’essaie de rattraper un peu de temps sur Bernard
Près de l’arrivée, à hauteur du cimetière Bernard est là pour m’encourager.
Enfin ça se termine, pas trop mal 38mn de descente et 6 secondes de perdues dans cette portion sur Bernard.
Le bonheur est là et je suis particulièrement heureux de l’avoir fait.
L’envie d’y revenir l’an prochain m’effleure déjà, mon ambition le faire autour d’ 1h30 pour rivaliser avec Bernard.

Francis